L’acceptation par mon grand-père de mon identité trans fait partie de son puissant héritage
J’ai toujours été intimidé par mon grand-père en grandissant. Il était sévère et stoïque, comme tant d’hommes de son époque. Mais dans ses dernières années, il a défié les limites de son âge et de ses croyances traditionnelles en acceptant mon identité transgenre.
Le matin du 12 janvier, j’ai reçu la nouvelle de son décès. Au milieu de l’angoisse et de l’agitation que j’ai ressenties à la suite de sa mort, je me suis souvenu d’un héritage qui s’étend au-delà de l’amour d’un patriarche de la famille. Son parcours de compréhension témoigne de la capacité humaine d’empathie et de changement, quel que soit son âge.
Né et élevé en Haïti, mon grand-père portait avec lui des histoires de lutte et de persévérance, gravées dans le tissu même de son être. Arrière-petit-fils d’un ancien président, qui était lui-même petit-fils du seul roi du pays, sa vie a été colorée par l’histoire vibrante mais tumultueuse de son pays natal.
Ses études l’ont amené à travailler pour les Nations Unies : alors que les pays devenaient indépendants sur le continent africain, mon grand-père a servi comme ingénieur dans la nouvelle République du Congo (aujourd’hui République démocratique du Congo), où, plus tard, ma mère est née.
Pour lui, c’était plus qu’un travail mais une bouée de sauvetage, alors que la dynastie des Duvalier commençait à assumer davantage de pouvoirs dictatoriaux en Haïti. Craignant un retour au pays, il s’installe aux États-Unis, où il passe le reste de sa vie. Sa vie ici a été façonnée par les normes et les attentes d’une époque qui semblait éloignée du monde tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Lorsque je suis devenue transgenre pour la première fois, j’étais parfaitement consciente des gouffres générationnels et culturels qui nous séparaient. Je me suis préparé aux malentendus, au genre de résistance qui accueille souvent le changement à ses débuts. Pourtant, ce que j’ai trouvé chez mon grand-père n’était pas une barricade, mais un pont.
Certes, ce n’était pas un voyage facile pour lui. Il y a eu des moments de confusion, des périodes de silence et des tentatives pour saisir un concept si peu familier à son éducation. Mais ce qui ressort le plus, c’est son engagement inébranlable à comprendre. Mon grand-père a appris tout au long de sa vie. Et ainsi, il a écouté : non seulement les mots que j’ai prononcés, mais aussi les peurs et les espoirs inexprimés qui persistaient entre les lignes. Il posait des questions, non pas pour contester mais pour comprendre. Et dans sa quête pour me comprendre, il a commencé à démêler des couches de croyances de longue date, les réexaminant à la lumière de notre amour commun.
Au cours de nos conversations, mon grand-père réfléchissait souvent sur sa propre vie, établissant des parallèles entre les luttes auxquelles il était confronté – celles de ses ancêtres et, dans une plus large mesure, celles de son pays natal – et les défis que je rencontrais.
Il a raconté comment il a lutté contre le sectarisme aux États-Unis, traversant l’adversité pour réussir et donner l’exemple à sa famille. Il a raconté l’histoire de son ancêtre, Henry Christophe, né dans l’esclavage mais qui a défié tous les pronostics pour devenir le père fondateur d’une nation née de la libération des Noirs. Et il a expliqué à quel point Haïti est souvent méprisé, mais m’a rappelé de ne jamais oublier sa résilience en période de péril.
Ces histoires sont devenues un pont qui reliait nos mondes, lui permettant de voir au-delà du caractère inconnu de mon expérience.
L’acceptation de mon grand-père n’était pas une proclamation bruyante mais une révolution silencieuse. C’était dans la manière dont il s’efforçait d’utiliser le nom que j’avais choisi, complimentant mon apparence à chaque visite, et dans la fierté qui brillait dans ses yeux lorsqu’il parlait de mes réalisations. Son étreinte a été une déclaration puissante dans un monde qui a souvent du mal à accepter ce qu’il ne comprend pas.
Alors que je pleure son décès, je trouve du réconfort dans les leçons qu’il a laissées. Il m’a appris que la compréhension n’est pas une destination mais un voyage qui demande de la patience, de l’empathie et un cœur ouvert. Il m’a montré que le changement, souvent perçu comme l’apanage des jeunes, ne connaît pas de limite d’âge. Au cours de ses dernières années, mon grand-père incarnait la véritable essence de l’apprentissage : le courage de remettre en question ses propres convictions et l’humilité d’accepter de nouvelles vérités.
En commémorant sa vie, j’ai choisi de me concentrer non seulement sur l’homme qu’il était, mais aussi sur le voyage qu’il a entrepris – un voyage que beaucoup auraient jugé improbable pour quelqu’un de son âge et de son origine. À 80 ans, sa volonté d’accepter mon identité trans et de découvrir un monde si différent de celui qu’il a connu est une lueur d’espoir et un appel à l’action.
L’histoire de mon grand-père ne concerne pas seulement l’acceptation d’un petit-enfant. Il s’agit d’un récit plus large sur la capacité humaine à grandir, à comprendre et à aimer, même dans les derniers chapitres de notre vie.
Il s’agit de briser les barrières de l’âge, de la culture et de la tradition pour reconnaître les vérités fondamentales qui nous relient tous. Dans un monde souvent caractérisé par la division et l’incompréhension, son histoire constitue une lueur d’espoir et un témoignage du pouvoir transformateur de l’amour et de l’acceptation.
L’héritage de mon grand-père ne réside pas seulement dans les souvenirs que nous chérissons, mais aussi dans les vies qu’il a touchées et les esprits qu’il a ouverts. En son honneur, j’exhorte chacun, quel que soit son âge ou son origine, à s’inspirer de son livre : écouter, apprendre et aimer avec un cœur ouvert.
Marie-Adélina de la Ferrière est rédactrice communautaire chez égalpride, éditrice de My Gay Prides, Out, Out Traveler, Plus et Pride.com.
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