Chappell Roan a-t-il rendu hommage à cette star de l'opéra queer et fanfaron aux VMA ?

Chappell Roan a-t-il rendu hommage à cette star de l'opéra queer et fanfaron aux VMA ?

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C'est la saison de Roan, mes amours, et nous avons de la chance d'y vivre !

De son entrée en fanfare sur le tapis rouge, sans parler de sa réplique encore plus virulente à un photographe, à sa performance éclatante aux MTV VMA Awards mercredi, Chappell Roan n'a pas seulement fait sensation, elle a provoqué un raz-de-marée. Et la cerise sur le gâteau ? Lorsqu'elle s'est présentée pour recevoir le prix de la meilleure nouvelle artiste, elle l'a dédié à sa communauté queer bien-aimée.

Ce fut un point d’exclamation dans une soirée qui n’était rien de moins qu’un couronnement pour Roan, qui a embrassé son identité avec le genre d’audace sans vergogne dont une fille comme moi ne rêvait qu’à son âge.

Mais les regards étaient les gag du siècle, et je suis encore en convalescence.

Chappell Roan sur le tapis rouge des VMA 2024

Roy Rochlin/Getty Images pour MTV

Non content de simplement se montrer, Roan arrivé—pas seulement sur le tapis rouge des VMA, mais sur le sien. Drapée dans une longue robe grise et noire signée Y/Project, superposée sous une cape verte et accessoirisée d'une épée, de menottes et de quelques clous mortels, Roan a servi la royauté médiévale comme personne d'autre.

Une fois de plus, elle a défendu son royaume vestimentaire, dirigeant le jeu de la mode nocturne depuis son haut château.

Roan nous a offert une version réaliste de Jeanne d'Arc, mais à ses conditions. Elle est montée sur scène pour interpréter « Good Luck Babe » en armure médiévale. Et dans la pure tradition du « tire encore un coup, essaie d'arrêter ce sentiment », elle a tiré une flèche enflammée d'une arbalète vers son château de fortune sur scène tandis que des danseurs parés de leurs armures tournoyaient autour d'elle brandissant des épées. La performance était pratiquement un fantasme médiéval devenu réalité, avec Roan fermement au centre des sentiers flamboyants.

Au sens figuré et au sens propre.

Une performance enflammée : Chappell Roan interprétant « Good Luck Babe » aux VMA Awards 2024 de MTV.

Kevin Mazur/Getty Images pour MTV

Pour son dernier look de la soirée, Roan a enfilé une robe à capuche en cotte de mailles de la collection printemps/été 2024 de Paco Rabanne, acceptant son prix parée comme une « Pucelle d'Orléans » queer renaissante pour le 21e siècle. C'était audacieux. C'était pendant. Et surtout, c'était un puissant clin d'œil au passé et au futur : un rappel que les guerriers queer ont toujours existé, du champ de bataille à la scène du théâtre.

Si de nombreux commentateurs ont rapidement fait des comparaisons avec Jeanne d'Arc (et à juste titre), un autre personnage historique m'est venu à l'esprit. Imaginez-vous : une chanteuse d'opéra du XVIIe siècle qui brandissait des épées, défiait les normes en portant des vêtements d'homme et était connue pour ses escapades romantiques avec des hommes comme des femmes.

Julie d'Aubigny était la diva originale du cape et de l'épée.

Et bien que Roan n'ait pas confirmé que son apparence était un hommage direct à d'Aubigny, je suis prêt à parier que si elle pouvait voyager dans le temps, Julie serait sa meilleure amie.

Alors faisons un petit voyage dans le temps, d'accord ?

Julie d'Aubigny, ou La Maupin comme on l'appelait parfois, vivait dans un monde qui ne savait pas quoi faire d'une femme comme elle. Née en 1673 d'un père de petite noblesse, son père lui fit bénéficier d'une éducation habituellement réservée aux hommes, avec des cours d'escrime compris. C'est ainsi que commença sa légende.

Madameoiselle Maupin, une chanteuse d'opéra queer et fanfaronne des années 1600.

À l'adolescence, elle était déjà mariée, même si son mari avait été envoyé travailler dans le sud de la France, laissant Julie livrée à elle-même.

Julie se lie rapidement avec un maître d'armes, dont elle devient l'amante et la complice : ils doivent fuir Paris après qu'il a tué quelqu'un lors d'un duel illégal. Ensemble, ils parcourent la campagne, effectuant des démonstrations d'escrime dans des foires itinérantes. Mais c'est la première histoire d'amour de Julie avec une jeune femme qui cimente véritablement sa place dans l'histoire homosexuelle. Lorsque les parents de la jeune femme l'envoient dans un couvent, Julie est pas Elle l'a suivie dans le couvent, a concocté un plan d'évasion fou impliquant le corps d'une religieuse morte (oui, vraiment), et a mis le feu à la chambre de son amant pour faire diversion.

J'adore une dame qui fait une sortie dramatique !

Le couple s'enfuit quelques mois avant que l'amant de Julie ne revienne enfin dans sa famille, mais Julie n'était pas du genre à ralentir. Elle se lança bientôt dans une carrière de chanteuse, pour finalement se faire une place à l'Opéra de Paris, où elle se produisit pendant des années sous le nom de Mademoiselle Maupin. Au cours de son passage sur scène, on dit qu'elle a eu plusieurs liaisons amoureuses avec des hommes et des femmes et qu'elle s'est même battue en duel avec des hommes entre deux représentations, s'assurant toujours que son épée était à portée de main.

C'était une véritable originale : une rebelle queer avec une cause à la mode.

La tragédie de sa dernière amante, une noble française, décédée en 1703, a convaincu Julie de se retirer de la vie publique et d'entrer dans un couvent. Elle est décédée deux ans plus tard, à l'âge de 34 ans seulement. Bien que son histoire soit restée dans l'ombre de l'histoire, sa vie a récemment été ramenée à la vie grâce à unpièce comique à succèsracontant la vie du chanteur d'opéra queer et fanfaron.

Si le look de Roan aux VMA a pu être inspiré par Jeanne d'Arc, j'aime à penser qu'il y a aussi un peu de Julie d'Aubigny en elle. Après tout, les deux femmes, à des siècles d'intervalle, savaient comment diriger une scène, se battre pour ce en quoi elles croyaient et vivre de manière authentique, que la société soit maudite.

Au final, ce que Chappell Roan nous a offert était bien plus qu'un simple spectacle : c'était un rappel que l'histoire queer regorge de combattants acharnés, de briseurs de règles et d'iconoclastes qui ont ouvert la voie. Que ce soit Joan, Julie ou Chappell elle-même, le message est clair : nous sommes là, nous sommes queer et nous mettons le feu au monde depuis des siècles.

Et mes amours, il ne sortira pas de sitôt.

Marie-Adélina de la Ferrière est le rédacteur communautaire chez equalpride, éditeur de Pride.com.


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