
Mode intime & empowerment : le gode, un objet de design à part entière
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Ils ont longtemps été tenus à l’écart, dissimulés dans l’intimité. Aujourd’hui, ils s’affichent fièrement dans des concept stores, inspirent les éditos mode et trouvent leur place dans les galeries d’art contemporain. Plus qu’un accessoire intime, c’est devenu un véritable symbole de style, d’affirmation de soi et de liberté.
Il y a encore quelques années, parler de sextoys, et surtout de gode, relevait du tabou. Ces objets étaient associés à la honte ou au plaisir masculin. Mais tout ça a changé. Des marques menées par des femmes, des designers passionnés et une vraie prise de conscience autour du bien-être intime ont remis le gode au centre des conversations. Et surtout, au cœur du design.
Aujourd’hui, l’accent est mis sur les matériaux éco-responsables, les lignes épurées, les textures douces et les teintes délicates. On les choisit avec le même soin qu’un bijou ou un parfum, comme une pièce intime qui accompagne un moment pour soi, fait de plaisir, de douceur et d’exploration.
Un sextoy qui devient statement
Aujourd’hui, certains sextoys ne se contentent plus d’être fonctionnels : ils deviennent de véritables objets de design. Regarde les modèles de marques comme Maude, Lora DiCarlo ou Biird : avec leurs courbes épurées, leurs textures mates et leurs teintes douces, ils pourraient parfaitement s’exposer dans une boutique de décoration ou sur une étagère de salon. Ils s’éloignent volontairement des codes classiques – trop souvent centrés sur le fantasme masculin – pour proposer une autre lecture de l’objet intime.
Ici, pas de formes criardes ni de détails exagérés. Ces objets assument une esthétique minimaliste, inclusive, presque méditative. Ils évoquent l’intimité, la douceur, la curiosité du corps sans jamais tomber dans la vulgarité. Leur simple présence transmet un message clair : le plaisir n’a pas à être caché ni honteux, il peut être beau, visible et assumé.
Choisir un bel objet intime, c’est aussi faire un pas vers soi. C’est une forme d’auto-soin, un geste de tendresse personnelle. C’est affirmer sans mots : je mérite du plaisir, du confort, du beau. Et dans un monde où le désir féminin a longtemps été invisibilisé ou minimisé, ce choix, même silencieux, devient politique.
Quand la mode s’en mêle
La mode et la sexualité ont toujours entretenu un dialogue discret, mais profond. Toutes deux sont des langages du corps, des moyens d’expression personnelle, des reflets de notre rapport à l’intimité, à la confiance, à la liberté. Elles traduisent ce que l’on choisit de montrer, de suggérer ou de garder secret. Aujourd’hui, ce lien devient de plus en plus visible, assumé, assumant un rôle esthétique autant que symbolique.
De nombreux créateurs s’inspirent désormais de l’érotisme pour nourrir leurs collections. Parfois à travers des détails subtils — une coupe suggestive, un tissu seconde peau, une transparence délicate — et parfois de façon plus directe, en intégrant des références sexuelles ou sensuelles comme partie intégrante du message créatif. Cette évolution se reflète aussi dans les campagnes de mode, les éditoriaux photos ou les mises en scène de vitrines, où les objets du plaisir trouvent naturellement leur place.
Les collaborations entre marques de lingerie de luxe et labels de bien-être sexuel se multiplient. Des coffrets exclusifs voient le jour, alliant dentelle fine, huile de massage et objets intimes au design travaillé. On ne parle plus simplement de lingerie comme d’un vêtement, mais comme d’un prolongement du désir, d’un rituel esthétique autour du plaisir.
Dans ce contexte, les objets intimes ne sont plus des accessoires à cacher. Ils s’intègrent dans un univers plus large : celui du style personnel, de la confiance en soi, et de l’appropriation de son plaisir. Ils deviennent une affirmation douce, mais puissante. Une manière de dire : je suis libre d’aimer mon corps, de l’habiller, de le chérir… et de le découvrir à mon rythme.
Repenser notre rapport au corps
Selon Claire Alquier, sexologue à Paris et fondatrice de “Corps & Désirs” :
« Un gode bien conçu, c’est bien plus qu’un outil de plaisir. C’est un objet qui invite à se reconnecter à son corps, à explorer sans honte, avec curiosité et bienveillance. »
Son approche met en avant une sexualité apaisée, libre, et surtout consciente. Dans son cabinet, elle constate que de plus en plus de femmes s’autorisent à parler de plaisir – et à l’assumer comme une vraie partie de leur équilibre.
Le gode s’est réinventé. Il est beau, il est fonctionnel, il est fort de sens. Il s’affiche avec fierté et s’inscrit dans un lifestyle plus ouvert, plus libre, plus connecté à soi. Ce n’est plus un tabou, c’est un vrai objet du quotidien – intime, mais jamais honteux.